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Biodiversité : Interview croisée d'Eléonore CHIOSSONE de Teach on Mars et de Jérôme COHEN d'ENGAGE

Dernière mise à jour : 28 mai 2020



"La biodiversité, c'est nous !", c'est le nom de la nouvelle formation de Teach on Earth (ToE), l'association créée par des membres de Teach on Mars, leader français du mobile learning. Elle est le fruit d'un partenariat avec une autre association, ENGAGE, dans le cadre de la Journée Mondiale de la Biodiversité. Amandine de Savoirs Précieux revient sur ce projet qu'elle a mené pour le compte de ToE, en interviewant Eléonore CHIOSSONE, Sustainable Development Manager de Teach On Mars et Jérôme COHEN, Président et Fondateur d'ENGAGE.


Teach on Earth est une association créée en 2017, par des membres de l’entreprise Teach on Mars, entreprise avec laquelle elle est désormais partenaire. La mission de Teach on Earth est de favoriser l’accès aux savoirs et aux connaissances des citoyens du monde sur les sujets sociétaux et environnementaux, via notamment une plateforme gratuite de formations digitales et un accompagnement pédagogique de qualité.


ENGAGE a pour mission d’impliquer les citoyens et les organisations dans les grands défis sociaux et environnementaux du 21ème siècle. Plateforme d’apprentissage et d’action, elle met en mouvement les pionniers du monde qui se construit pour faire émerger des futurs désirables.



Pourquoi ce partenariat entre ToE et ENGAGE ?


Eléonore CHIOSSONE : Nous recherchions un partenaire avec lequel construire une formation à l'occasion de la Journée Mondiale de la Biodiversité. Nous avons été convaincus par la vision d'ENGAGE, qui venait de lancer son Défi Biodiversité. Leur approche, très pragmatique et collective, vise à faire collaborer à la fois citoyens, associations et entreprises. Et nous sommes persuadés que le changement ne peut se faire que si chacun peut y participer. C'est d'ailleurs l'esprit dans lequel la formation a été construite. La collaboration entre les équipes de ToE et d'ENGAGE, ainsi que l'engagement de leurs bénévoles, les Explorateurs, ont permis d'aboutir à un contenu de grande qualité.


Jérôme COHEN : Nous avons souhaité donner au Défi Biodiversité une double dimension, l'apprentissage puis l'action. Le parcours créé en partenariat avec ToE permet donc de renforcer ce premier temps d'inspiration, tout en proposant quelques pistes de mise en mouvement. Tous les outils qui peuvent contribuer à une prise de conscience renforcent l'impact de notre démarche. Nous cherchons donc à nous entourer de partenaires qui disposent de compétences, d'outils, mais aussi d'approches différentes des nôtres, dont nous pouvons nous nourrir. L'application de formation mobile de ToE nous permet d'élargir notre audience, en touchant des personnes moins sensibles à la biodiversité que notre communauté actuelle. Leur approche d'apprentissage par le jeu nous éveille à d'autres façons de sensibiliser. Elle nous a paru pertinente pour intéresser le grand public et lui faire comprendre un sujet aussi complexe que celui de la biodiversité.


Savoir pour pouvoir agir !

De nombreux événements autour de la biodiversité - le Congrès mondial de la nature de l'UICN prévu en juin à Marseille et la COP 15 qui devait se tenir en octobre à Kuming en Chine - ont été reportés à début 2021. Pourquoi avez-vous tenu à maintenir la sortie de ce parcours pour la Journée Mondiale de la Biodiversité, le 22 mai ?


Eléonore CHIOSSONE : Avec la crise du covid-19, le planning des publications de ToE a en effet été révisé. Mais nous tenions à maintenir cette formation sur la biodiversité car elle apporte un éclairage important sur la crise sanitaire. Pour ToE, il faut "savoir pour pouvoir agir" ! Il nous paraissait donc essentiel que le grand public puisse comprendre les enjeux autour de la biodiversité dans la crise actuelle pour mieux gérer le monde d'après.


Aujourd'hui, le covid-19 nous dit qu'il faut radicalement changer notre rapport au vivant, donc faisons-le !

Jérôme COHEN : Je crois même que c'est un moment où, au contraire, il faut accélérer. Sinon, nous risquons d'assister à ce que Naomi Klein appelle la "stratégie du choc". Certains peuvent profiter de ces moments de crise pour faire passer leurs intérêts privés au détriment de l'intérêt général. Nous le voyons aujourd'hui avec le Medef qui réclame un moratoire sur des lois environnementales ou encore Bayer-Monsanto et consorts qui souhaitent limiter l'encadrement de l'usage des pesticides. Il ne faut pas les laisser occuper le terrain.

La crise du covid-19, par le choc qu'elle a suscité ou par le temps que le confinement aura permis de retrouver, a conduit à une prise de conscience supérieure. Il faut utiliser cette conscience montante dans la société pour motiver les acteurs publics et économiques à bouger. Et ils le feront d'avantage s'il y a une prise de conscience citoyenne. Il ne faut donc pas freiner, mais au contraire appuyer sur l'accélérateur !

La crise du covid-19 nous amène à questionner notre rapport au vivant. Nous ne pouvons pas nous permettre de revenir aux postures et aux pratiques d'avant. Cette crise sanitaire risque de provoquer une crise sociale et économique dramatique. Mais elle peut aussi être un moment de bascule, facilité par la prise de conscience. Elle est la preuve qu'il est possible de mettre en place des changements assez radicaux alors que nous ne nous en sentions pas capables il y a encore 2 mois et demi. Aujourd'hui, le covid-19 nous dit qu'il faut radicalement changer notre rapport au vivant, donc faisons-le !


Il faut abandonner cette vision anthropocentrée du vivant où l'humain serait une espèce à part, voire supérieure [et] (...) développer une certaine forme d'humilité.

Que faut-il retenir du parcours "La biodiversité, c'est nous !" ?


Jérôme COHEN : Pour moi, tout est dans le titre : l'humain fait partie intégrante du vivant. Il est lui-même constitué de bactéries et de micro-organismes, tels que ceux qui vivent dans son microbiote intestinal. Il faut abandonner cette vision anthropocentrée du vivant où l'humain serait une espèce à part, voire supérieure. Réaliser que nous sommes totalement imprégnés par le vivant, que nous interagissons en permanence avec lui, aide à développer une certaine forme d'humilité.


Eléonore CHIOSSONE : A ce sujet, j'étais surprise d'apprendre le pourcentage de gènes que nous avons en commun avec la banane... Effectivement, cela remet les choses en place ! J'ai également apprécié d'aborder les différents niveaux de biodiversité. Cela permet de comprendre qu'il ne s'agit pas uniquement de la diversité des espèces. C'est aussi la diversité des gênes au sein d'une même espèce et la diversité des écosystèmes dans lesquels elle vivent qui font la richesse de la biodiversité. Enfin, j'ai découvert le rôle des chauves-souris dans les stratégies de réduction de l'usage des pesticides et la pollinisation des plantes. C'est une espèce qui a été mise sous le feu des projecteurs avec le covid-19 et il est fondamental de rappeler son rôle au sein de la biodiversité pour donner envie de la protéger.


Il n'est pas trop tard (...) nous pouvons régénérer le vivant.

Jérôme COHEN : C'est en effet un des objectifs que nous avions avec cette formation : donner envie d'agir pour préserver la biodiversité. Car il n'est pas trop tard. Si nous nous y mettons dès maintenant, nous pouvons rééquilibrer, nous pouvons régénérer le vivant. Nous le voyons par exemple avec la réserve de Port-Cros, au large de Toulon, où, protégés, les mérous sont de retour, alors qu'ils avaient quasiment disparu il y a 50 ans. Une terre, à condition qu'elle ne soit pas morte, peut se régénérer grâce à des pratiques agricoles telles que la permaculture. Si nous le laissons tranquille, le vivant peut se régénérer rapidement. N'attendons plus pour agir !


Chacun peut changer dans ses pratiques. En faisant individuellement des petits pas, nous pouvons collectivement améliorer considérablement notre rapport au vivant.

A propos d'action, même si vous êtes tous deux déjà très engagés, pourriez-vous partager un engagement pour la biodiversité que vous souhaitez mettre en place ?


Eléonore CHIOSSONE : Avec ToE, nous allons continuer à enrichir notre catalogue et poursuivre la sensibilisation du grand public autour des grands enjeux sociétaux et environnementaux, dont une grande partie sont finalement liés à la biodiversité. Et d'un point de vue personnel, après cette formation, mais aussi celle sur l'eau que nous avons lancée en mars, je pense que je ne vais plus regarder ma garde-robe de la même façon. Je vais certainement me tourner vers une marque éco-responsable pour l'achat de mon prochain jean !


Jérôme COHEN : Côté ENGAGE, nous aimerions dans le futur monter un lieu en campagne où nous puissions appliquer ce en quoi nous croyons sur le vivant. Nous souhaitons aussi transformer nos bureaux de Bright City à Paris en un lieu très imprégné et mis au service de la biodiversité. Et d'un point de vue plus personnel, avant, j'étais un fou de pêche à la mouche. Il y a quelques années, j'ai pris la décision d'arrêter de tuer le poisson et de le relâcher. Mais je sais que ce n'est encore pas idéal donc la prochaine étape pour moi sera probablement d'arrêter. Tout ça pour dire que chacun peut changer dans ses pratiques. En faisant individuellement des petits pas, nous pouvons collectivement améliorer considérablement notre rapport au vivant.


📱 Pour connaître le nombre de gênes que vous partagez avec une banane 🍌 et plus encore, téléchargez l'application mobile de Teach on Earth 👉ici👈 et lancez la formation "La biodiversité, c'est nous !"


🌿 Pour en savoir plus sur le Défi Biodiversité d'ENGAGE c'est par 👉ici.


* Crédit image : Shutterstock (Image utilisée par ToE pour le parcours "La biodiversité, c'est nous !)



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